Alors que les grandes marques s'aventuraient de plus en plus profondément à l'intérieur de l'océan, elles n'avaient aucune idée de ce qui pouvait se cacher dans l'obscurité. Il ne s'est jamais produit un seul instant que ce pourrait être une autre montre. C'est l'histoire de la montre de plongée qui est sortie de nulle part pour battre les monstres au fond de la mer.
La montre de plongée, telle que nous la connaissons aujourd'hui, remonte au début des années 1950. En 1953, Blancpain a d'abord développé l'énigmatique " Fifty Fathoms ", avec une profondeur de 91,44 m (300 pieds), pour les hommes-grenouilles des forces spéciales de la Marine française. La même année, Rolex a dévoilé la première version de son légendaire Submariner, étanche à 100m (330ft) et qui sera portée à 200m (656ft) peu après. Une nouvelle ère d'exploration des océans après la guerre, combinée à une activité commerciale sous-marine accrue, à des unités de plongée militaires spécialisées et à une augmentation exponentielle de la popularité de la plongée de loisir, a ouvert une nouvelle voie pour l'industrie horlogère suisse.
Ainsi commença une course effrénée vers l'abîme qui allait envelopper l'horlogerie pendant les deux décennies suivantes. La création horlogère de Rolex, Omega, Blancpain, IWC et Jaeger-LeCoultre s'est livrée à une concurrence obsessionnelle pour développer des montres de plongée commercialement viables, capables de fonctionner à des profondeurs plus importantes que ce qui était considéré comme possible auparavant. Les départements de R&D ne mesuraient plus le succès en secondes et minutes, il s'agissait maintenant de pieds et de mètres et ils laissaient dans leur sillage une nappe de dos de boîtier déformés, de joints défaillants et de cristaux brisés. Dans les années 1960, une montre de plongée qui pouvait fonctionner en toute sécurité à 300 m (984 pi) était une réalisation incroyable et était une mesure qui échappait encore à de nombreuses grandes marques. Cependant, la rumeur voulait que Rolex et Omega soient à un stade de développement avancé sur des modèles pouvant atteindre une profondeur stupéfiante de 600 m, soit le double de la profondeur atteinte jusqu'alors.
A l'insu de tous, au même moment, deux entreprises quasi inconnues se côtoyaient, sur une idée qui allait tout changer.
Jenny Watches était une petite entreprise familiale qui fabriquait, produisait, finissait et assemblait des montres de plongée de marque d'autres sociétés horlogères suisses. Elle avait testé un nouveau type extraordinaire de boîtier " monobloc ", fraisé dans un seul bloc d'acier inoxydable avec un fond fermé. En renonçant à un fond de boîtier vissé classique et aux joints associés, ils avaient efficacement éliminé les parties de la montre les plus vulnérables aux infiltrations d'eau. Un concept simple mais génial que Jenny a imaginé et baptisé le " Caribbean 1000 ". Il ne leur manquait plus qu'un partenaire pour les aider à introduire cette innovation dans les océans du monde.
Ollech & Wajs, un horloger indépendant basé à Zurich, a été le premier à voir le potentiel. OW travaillait avec Jenny depuis un certain temps et, bien qu'elle n'ait été fondée que huit ans auparavant, elle avait déjà établi ses références en tant que fabricant de montres de plongée robustes et fiables. Le boîtier " monobloc " révolutionnaire de Jenny allait fournir à OW exactement ce dont il avait besoin pour répondre aux exigences croissantes de la communauté des plongeurs. OW a rapidement obtenu une licence pour incorporer le boîtier dans une nouvelle ligne de montres de plongée 'Precision', fournissant à Jenny l'investissement nécessaire pour commencer la production. Comme il se doit, l'ordonnance initiale d'OW portait sur " 1 000 cas ". Un mouvement automatique 17 Jewel ETA 2452, surmonté d'un cadran laqué noir, a été chargé en façade dans le nouveau boîtier innovant et scellé par un verre acrylique bombé de 5 mm. En 1964, le cas " Caribbean 1000 Triple-Safe ", comme on l'appelait, a été lancé avec une profondeur record certifiée de 1 000 m (3 300 pi).
L'annonce a renvoyé toute l'industrie à la planche à dessin. Tous les discours sur la mythique marque des 600m se sont dissipés comme le dernier filet de bulles d'un régulateur. Le plus grand bond en avant dans l'évolution de la montre de plongée n'est pas venu de l'une des puissances établies mais d'une alliance de nouveaux venus qui ont la volonté de collaborer et de mettre en commun leur expertise.
Il y a toujours eu deux types d'entreprises horlogères : celles qui sont enclines à collaborer avec d'autres et celles qui préfèrent une approche " interne " plus isolée. Blancpain a travaillé ouvertement avec Squale, le spécialiste des boîtiers de montres de plongée des années 60 et 70. Une version de la célèbre Fifty Fathoms portait même la marque Squale sur le cadran. Depuis le jour où, en 1956, Joseph Ollech et Albert J. Wajs se sont réunis et ont consolidé leur expertise respective pour former une société de montres-bracelets, la collaboration est dans l'ADN d'OW.
En effet, OW n'a pas été la seule marque à accorder une licence pour le badge " Caribbean 1000 ". Jenny a travaillé avec plusieurs entreprises pour créer différentes versions, mais c'est sans aucun doute la configuration OW qui a fait du " Caribbean 1000 " un tel succès commercial et une icône durable. C'est en partie grâce à l'activité de vente par correspondance bien établie d'OW et à son réseau étendu de magasins US ARMY PX que la montre a connu un tel succès auprès du personnel militaire, des plongeurs de loisir, de compétition et commerciaux.
Plus de 50 ans après, beaucoup de ces montres originales sont toujours en parfait état de marche et prêtes pour l'océan. Un ou deux pourraient bien être aux poignets de plongeurs quelque part en ce moment. Cependant, étant donné que la majorité des plongeurs ne descendent jamais en dessous de 40m (131ft) et que même les plongeurs à saturation les plus expérimentés ne dépassent jamais 300m (984ft), peu, voire aucun de ces '1000 Caraïbes' n'ont jamais été à moins de 700m de leur limite.
Plus qu'une simple montre de plongée, la " Caribbean 1000 " est un jalon historique, et sa création a forcé l'industrie à viser plus bas. Il y a deux leçons très précieuses que nous pouvons tirer de l'histoire d'OT " Caribbean 1000 ". Premièrement, soyez toujours aussi soucieux de savoir qui est derrière vous que de savoir qui est devant. Deuxièmement, ne vous concentrez pas sur ce que la compétition peut planifier - concentrez-vous sur ce dont elle n'a même pas rêvé.
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